Le titre, d’abord

        Le mot queer signifie aussi bien étrange que pédé. Mais pourquoi « as folk » (en français, « comme le peuple ») ? Cela vient d’un dicton qui affirme : il n’y a pas plus étrange que les gens ordinaires. Le titre joue donc sur ce double sens.

La version britannique

        Ce site traite de la version américaine, ce qui n’empêche nullement de faire la comparaison avec la version britannique. On ne s’en privera pas dans les commentaires.
        Les critiques – et bon nombre de téléspectateurs – s’accordent souvent à préférer la version britannique, produite par Red U.K. pour la chaîne Channel Four, qui a diffusé la première saison entre le 23 février et le 13 avril 1999. Cette version, la première en date, a pour auteur Russell T. Davies. Les épisodes en ont été réalisés par Charles McDougall (épisodes 1, 2, 3 et 4) et Sarah Harding (épisodes 5, 6, 7 et 8) pour la première saison. Ce qu’on a pompeusement baptisé « deuxième saison » n’est en fait qu’un téléfilm d’une heure et demie, intitulé Queer as folk 2, et réalisé par Menhaj Huda, réalisateur de télé débutant, qui n’avait fait auparavant au cinéma qu’un court métrage de onze minutes, Jump boy.
        Cette préférence, pourtant, n’est pas unanime. Elle tient peut-être, en partie, au snobisme, au goût du paradoxe, et au fait que beaucoup de téléspectateurs l’ont vue en premier, donc la préfèrent. Voici pourtant quelques raisons de penser qu’au contraire, la version américaine est meilleure.
        La version britannique ne compte en effet que huit épisodes de trente et une minutes en moyenne pour la première saison, et sa suite, diffusée en Grande-Bretagne les 15 et 22 février 2000, Queer as folk 2 , comme on vient de le dire, ne dure qu’une heure et demie ; le tout, par conséquent, est assez embryonnaire, alors que la version américaine a été suffisamment développée sur quatre saisons et soixante-dix épisodes de quarante-cinq minutes, pour donner aux personnages une certaine dimension ; à leurs caractères, une certaine complexité ; aux péripéties, une certaine ampleur. L’évolution des sentiments du personnage de Brian à l’égard de Justin, dans la version américaine, est notamment plus intéressante que celle de son homologue britannique Stuart, qui précisément n’évolue pas.
        Autre aspect rarement pris en compte, la musique. La version britannique est affligée d’une musique sautillante et guillerette, vaguement antillaise, peut-être agréable isolément, mais en contradiction avec le caractère du récit.
        Quant au dénouement, il est de toute évidence bâclé, d’un caractère onirique totalement incongru, et témoigne davantage du désir d’en finir que de conclure une histoire qui s’essoufflait en ne débouchant sur rien.
        De plus, ne craignons pas d’affirmer que les acteurs de la version britannique sont mal choisis, surtout en ce qui concerne le protagoniste principal, Stuart : l’acteur irlandais qui l’incarne, Aidan Gillen, n’est vraiment pas beau et manque de charisme, de sorte qu’on a du mal à comprendre par quel miracle il plaît autant, et pourquoi Nathan est fou de lui, au début surtout. Il faut néanmoins reconnaître ses qualités d’acteur, et il interprète avec aisance et honorablement ce rôle d’un homme incapable d’apparaître simplement humain et de prononcer des mots comme « S’il te plaît », « Merci » ou « Je t’aime »... ou d’admettre qu’il aime son fils. L’interprète d’Hazel, la mère de Vince, elle, est trop jeune pour le rôle : elle paraît presque plus jeune que son fils, comme la mère de Cary Grant dans La mort aux trousses ! Quant au personnage masculin le plus jeune, Nathan donc, il est censé avoir 15 ans, mais le trait apparaît comme exagéré : l’acteur Charlie Hunnam, au demeurant très attirant dans la première série, est visiblement plus âgé : il avait dix-neuf ans au début du tournage, et c’est visible.

        Pour en terminer avec la version britannique – la première qui fut réalisée, en 1999 –, elle est restée peu connue en France jusqu’à une date récente. Elle n’avait été diffusée que sur Canal Plus, évidemment à des heures très tardives. En 2003, elle est passée sur Série-Club, chaîne câblée, les dimanches soirs, vers 23 heures, à raison de deux épisodes par soirée pour la première saison. La prétendue seconde saison a été tronçonnée en deux parties et diffusée en deux fois ; le tout, du 20 juillet au 24 août.
       Elle est également vendue en DVD, au prix ridicule de 20,60 euros (l’équivalent de 135 francs) pour deux épisodes de la première saison, soit à peine plus d’une heure de film ; pis, Queer as folk 2 est vendue au prix totalement grotesque de 52,14 euros (l’équivalent de 342,01 francs) pour une heure et demie de télévision, ce qui en fait le spectacle en vidéo le plus cher du monde ! Une pure arnaque, à laquelle sont accoutumés les homosexuels, puisqu’ils sont censés « fortunés » !...

La version américaine

        Revenons à la version américaine de Queer as folk, lancée en 2000, sur le tournage de laquelle Russell T. Davies – l’auteur de la version britannique – est consultant, afin d’assurer la cohérence avec la version d’origine.
        En France, la première saison a été diffusée sur Canal Jimmy, chaîne du câble – ultérieurement rebaptisée « Jimmy » –, filiale de Canal Plus, à partir de l’automne 2002. La deuxième saison, elle, a été diffusée à partir du 31 août 2003, date assez mal choisie. Jimmy ne diffusera pas les saisons 3 et 4, déjà diffusées aux États-Unis, car la chaîne Pink TV, lancée le 25 octobre 2004, a acquis les droits de la totalité des épisodes, et reprendra la diffusion depuis le début. Il s’agit hélas d’une chaîne payante, et les homosexuels intéressés n’en seront pas surpris... Il n’y aura, semble-t-il, pas de saison 5.
        La première saison de cette version américaine comptait vingt-deux épisodes de 45 minutes. Par rapport à la version britannique, de nombreux personnages nouveaux y étaient créés. La deuxième saison comptait vingt épisodes. Les deux dernières saisons n’en comptaient que quatorze chacune. Par rapport à la version britannique, tous les noms des protagonistes changent, et l’histoire se déroule, non plus à Manchester, mais à Pittsburgh, aux États-Unis. Comme souvent dans ce pays, on a choisi des acteurs au physique attrayant, car on n’a pas sur ce continent le snobisme de la laideur qui a cours chez nous. Rappelons en effet le propos de Roman Polanski, tenu le 7 mai 1997 dans « Courrier international » : « C’est une mode d’être laid en France, et la plupart des acteurs sont franchement moches. Les Français aiment le réalisme ; ils pensent que si les comédiens sont trop beaux, le film ne ressemble pas à la réalité, il a l’air d’un film ».


Voici un tableau synoptique des personnages principaux,
seulement lorsqu’ils sont communs aux deux versions,
et dont certains, d’ailleurs, disparaissent en cours de route :

Stuart Alan Jones est interprété par Aiden Gillen, né le 24 avril 1968 à Dublin (Irlande).

Brian Kinney est interprété par Gale Harold, né le 10 juin 1969 à Decatur en Géorgie (États-Unis).

Vince Tyler est interprété par Craig Kelly, né en 1970 en Angleterre.

Michael Charles Novotny est interprété par Hal Sparks, né le 25 septembre 1971 à Peak’s Mill dans le Kentucky (États-Unis).

Nathan Maloney est interprété par Charlie Hunnam, né le 10 avril 1980 à Newcastle (Angleterre).

Justin Taylor est interprété par Randy Harrison, né le 2 novembre 1977 dans le New Hampshire (États-Unis).

Alexander Perry est interprété par Antony Cotton, né le 5 août 1975 à Bury, en Angleterre.

Emmett Honeycutt est interprété par Peter Paige, né le 10 avril 1968 à West Hartford, dans le Connecticut (États-Unis).

Hazel Tyler, la mère de Vince, est interprétée par Denise Black, née en 1968 à Emsworth (Angleterre).

Debbie Novotny, la mère de Michael, est interprétée par Sharon Gless, née le 31 mai 1943 à Los Angeles.

Cameron Roberts, amoureux de Vince, est interprété par Peter O’Brien, né le 25 mars 1960 à Murray Bridge, en Australie.

Le docteur David Cameron est interprété par Chris Potter, né le 23 août 1960 à
Toronto, au Canada.

Rosalie Cotter , la fille qui avait des vues sur Vince avant de le savoir homo, est interprétée par Caroline Pegg.

Tracy, la fille qui avait des vues sur Michael avant de le savoir homo, est interprétée par Lindsay Connell.

Romey Sullivan, la mère lesbienne d’Alfred, le bébé de Stuart, est interprétée par Esther Hall.

Lindsay Peterson, la mère lesbienne de Gus, le bébé de Brian, est interprétée par Thea Gill.

Lisa Levene, avocate, la compagne de Romey, est interprétée par Saira Todd.

Melanie Marcus, avocate, la compagne de Lindsay, est interprétée par Michelle Clunie, née le 7 novembre 1969 à Portland (Oregon, États-Unis).

Bernard Thomas, le locataire quinquagénaire d’Hazel, est interprété par Andy Devine.

Vic Grassi, le frère et locataire de Debbie Novotny, est interprété par Jack Wetherall.

Donna Clark, la meilleure amie et confidente de Nathan, est interprétée par Carla Henry.

Daphne Chanders, la meilleure amie et confidente de Justin, est interprétée par Makyla Smith.

Janice Maloney, la mère de Nathan, est interprétée par Caroline O’Neill, née le 2 février 1958 à Manchester, en Angleterre.

Jennifer Taylor, la mère de Justin, est interprétée par Sherry Miller.


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