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Pilote
Saison 1
Épisode 1

Réalisateur : Alan Ball
Écrit par : Alan Ball
Acteurs de passage : Sharon Madden (la femme fossoyeuse), Hayden Tank (Nate enfant), Maximilian Orion Kermodel (David enfant), Dennis Anderson (l’employé du marché), Harper Roisman (le vieil homme), Dennis J. Lau (le gardien de la morgue), Audrey Gelfand (la mère sicilienne qui pleure), Jennifer Griffin (la fille sicilienne qui pleure), Eric Balfour (Gabriel Dimas), Garrison Hershberger (Matthew Gilardi, le représentant de Kroehner), Dina Waters (la fossoyeuse bavarde)
Date de diffusion : dimanche 3 juin 2001

Récit :

Nathaniel Fisher, entrepreneur de pompes funèbres à Los Angeles, est tué lors d’un accident de la circulation alors qu’il se rendait à l’aéroport pour accueillir son fils aîné Nate, 35 ans, venu de Seattle pour Noël.
Prévenue par téléphone, Ruth, sa femme, avertit David, son fils cadet, l’associé de son père, et sa fille Claire, 18 ans, lycéenne et instable. Celle-ci se trouvait alors en compagnie de Gabe, son petit ami, un jeune drogué, qui venait de lui faire prendre des amphétamines.
Dans l’avion, Nate a fait la connaissance d’une jeune femme, Brenda. Tous deux faisaient l’amour dans les toilettes de l’aéroport lorsque la nouvelle de la mort de son père est annoncée à Nate par téléphone. Ils se rendent directement à la morgue. Mais Ruth et Nate oublient de ramener le corps, et David doit s’en charger. Le travail de restauration du cadavre sera confié à leur employé Federico, qui est très adroit.
Lors de la présentation du corps, Ruth est prise d’une crise de remords et avoue à ses enfants qu’elle a plusieurs fois trompé son défunt mari, qui n’avait jamais le temps de s’occuper d’elle. Pour ne rien arranger, Keith, le policier noir qui est l’amant de David, croit bon de venir s’incliner sur la dépouille du père, qu’il ne connaissait pourtant pas, et, à la gêne de David, Claire comprend vite la nature de leurs relations.
L’enterrement se passe mal : Nate s’irrite quant au cérémonial guindé utilisé, et se dispute avec son frère, qui le juge irresponsable ; puis David est abordé par un représentant de Kroehner International, un concurrent, qui projette d’absorber l’affaire familiale. Brisé, il se réfugie chez Keith.
Brenda relance Nate, après une brève scène avec son frère, qui pleure sans arrêt.

Ce qu’on apprend sur les personnages :

Nate a quitté sa famille pour ne pas avoir à vivre dans l’atmosphère pesante de la maison parentale où l’on ne parle que de la mort. Il prétend co-diriger un magasin « bio » à Seattle et s’occuper de la partie financière de ce commerce. En fait, il semble avoir perdu son travail. Il est célibataire et très porté sur les filles. Il semble superficiel, mais ne l’est pas ; simplement, il ne prend pas la vie au tragique, et c’est lui qui réconforte sa mère après l’aveu qu’elle a fait à ses enfants d’avoir trompé leur père.

Ruth est une mère peu sûre d’elle, mais qui se montre involontairement envahissante : elle veut tout régenter, se méfiant des amis de ses enfants, jusqu’au manque de tact. Ainsi, lorsque Keith vient présenter ses condoléances, elle demande à David, et devant Keith : « Tu es ami avec un flic ? ». Elle craint néanmoins leur opinion. Elle a peur de les décevoir, de leur parler franchement, et ne le fait que par à-coups, comme dans cette scène où elle demande à sa fille si elle a des rapports sexuels, ou lorsqu’elle avoue à ses enfants qu’elle trompait leur père.

David est plutôt coincé : il invite Federico à ne pas dire de grossièretés en présence des corps qu’il restaure. Il est homosexuel, mais le cache encore à sa famille. Il souffre d’avoir dû prendre ses responsabilités en devenant le collaborateur de son père à la place de Nate, qu’il accuse d’avoir fui. Son amant est un policier noir.

Brenda Chenowitz est une fille très libre et très cultivée. Elle semble avoir connu une jeunesse très perturbée (par ses parents, tous deux psys). Les hommes ne lui font pas peur, et elle fait l’amour avec Nate, rencontré dans l’avion, sans même connaître son nom.

Federico est hispano-américain. C’est un jeune et très bon employé, il est capable de redonner figure humaine à des corps totalement défigurés. Il est marié avec une Mexicaine prénommée Vanessa, et ils ont déjà un enfant de quatre ans. Vanessa en attend un autre. Federico n’aspire qu’à gagner mieux sa vie.

Fantasmes :


David s’imagine poussant un premier hurlement à l’écoute des banalités que les personnes présentes débitent durant les funérailles d’une cliente – alors qu’il sait que son père est à la morgue. Plus tard, deuxième hurlement imaginaire, suite aux bêtises proférées par une jeune femme, qui a la manie d’assister aux enterrements de gens qu’elle ne connaît pas : il l’entend dire que sa vie à lui est complètement gâchée.

 

À la morgue, Nate voit l’employé sous les traits de son père, qui se moque de lui : « Tu avais peur de la mort et tu l’as fuie. Mais tu ne lui échapperas jamais ! ».

Fantasme (ou réminiscence) de Nate : il revoit son père restaurant le corps d’un M. Bloomberg, et les invitant, lui et David encore enfants, à toucher le cadavre avec des gants. Nate se sauve. Note : le petit David joue avec une poupée masculine.

Alors qu’il remodèle le visage de son père mort, David imagine une conversation avec le défunt. Le père lui reproche de ne pas faire ce travail aussi bien que le ferait Federico, et David lui rétorque qu’il a gaspillé sa jeunesse à apprendre ce métier, au lieu de vivre comme un étudiant normal, et le traite de « fils de pute ».

Nate s’imagine faisant face à un autobus, qui le renverse. Du sang coule de sa tête. Il disparaît dans un trou sans fond... et se retrouve devant son père, qui joue au poker avec trois autres hommes, tous nus comme lui. Le père lui dit qu’il « jouera au prochain tour ».

 

Alors qu’elle se prépare pour assister à la présentation du corps de son mari, Ruth le voit dans sa chambre. Il lui dit qu’il est « au courant de tout », c’est-à-dire de son infidélité.

Pendant l’enterrement, Nate imagine son père assistant à ses propres funérailles. Le mort est assis à l’écart sur le toit d’une voiture. Il porte un short, une chemise bariolée décorée d’ananas, il fume et sirote un cocktail. Brenda, qui arrive en retard, passe devant lui, et le père applaudit. Claire voit le même fantasme et sourit. Elle poursuit le fantasme en ayant une « conversation » avec son père, toujours dans la même tenue mais allongé sur un transat en plein cimetière. Elle lui déclare qu’il a de la chance, car il n’a plus de soucis, plus de responsabilités, plus d’envies de mourir.


Alors qu’il déambule en ville, Nate voit son père assis sur un banc, puis montant dans un bus. Le père l’aperçoit alors, lui fait un signe de la main et lui sourit.

Le décès en prologue :

Symboliquement, c’est le propriétaire de l’entreprise de pompes funèbres, autour de laquelle tournera tout le feuilleton, qui ouvre la série des décès en ouverture de chaque épisode. Ici, Nathaniel Fisher, au volant de son corbillard tout neuf, heurte un autobus et meurt sur le coup.

Fausses publicités :

Sur un fond musical extrait de Carmen, de Bizet, une jeune femme très élégante et tout sourire présente un corbillard : « Aérodynamique. Sophistiqué. Attrayant. Le nouveau corbillard Royal Millennium, parce que l’être qu’on aime mérite ce qui se fait de mieux en termes de style et de confort ».

Sur une musique douce mais rythmée de boîte de nuit en fond sonore, et des images d’un beau jeune homme en maillot de bain et semblant endormi (mort ?), que la caméra caresse des pieds à la tête, une voix masculine dit : « Pour un corps ferme qui reste flexible, une peau qui ne demande qu’à être touchée, et l’aspect velouté des tissus encore vivants, les meilleurs embaumeurs utilisent le fluide Living Splendor. Living Splendor, seule la vraie vie est meilleure ».

 

Sur une musique douce et jazzy, une jeune femme en maquille une autre, vêtue de rose. Mais la seconde est morte. Commentaire par une voix suave et féminine : « Elle a toujours été au mieux de sa beauté chaque jour de sa vie. Ne laissez pas un horrible accident la défigurer. Utilisez le nouveau cosmétique Wound Filler. Rapide et adhésif. Masque facilement les plaies disgracieuses ».

Note : wound filler, qui colmate les blessures.

Six jeunes danseurs se trémoussent sur une musique entraînante, en exhibant de petites urnes funéraires blanches. Une voix dit : « Les cendres retournent aux cendres, la poussière à la poussière. C’est facile avec cette urne de terre en poudre. Dites à jamais adieu aux doigts sales. Seulement chez Franklin Funeral Supplies. Nous mettons du fun dans les funérailles ».